Décembre 2001. L’Argentine est confrontée à la crise économique la plus violente de son histoire. Le pays est en cessation de paiement. Le chaos s’installe. Quatre présidents de la République se succèdent en dix jours. Beaucoup d’entrepreneurs, endettés jusqu’au cou, décident de stopper la production et de se débarrasser des actifs de leur usine pour rembourser leurs dettes.Laissant sur le carreau des milliers d’ouvriers.
Se trouvant injustement victimes de décisions auxquelles ils n’ont pas pris part, certains d’entre eux refusent de quitter leur poste de travail et organisent la résistance. « N’ayant plus rien à perdre, on a décidé d’occuper l’usine. C’était se battre jusqu’au bout, ou perdre notre dignité » explique Martín, métallurgiste. Ils se sont battus pendant des mois jusqu'à obtenir l’expropriation des propriétaires et à récupérer l’outil de production pour reprendre le travail. Le phénomène des entreprises récupérées en Argentine a pris une ampleur considérable.
Presque dix ans après le début du processus, l’Argentine recense plus de 230 entreprises récupérées, fonctionnant en coopératives et employant plus de 10 000 salariés., dans des secteurs aussi variés que la métallurgie, le textile, l’hôtellerie ou la santé. Tous les travailleurs sont associés aux décisions importantes qui sont prises, lors d’Assemblées Générales, selon des modèles qui varient entre les entreprises. « On est devenu notre propre patron » résume Graciela, secrétaire dans un abattoir récupéré du Grand Buenos Aires.
Tous nous racontent leur combat. Tous nous parlent de la solidarité et des doutes qui ont jonché leur lutte. Et tous disent leur fierté d’avoir pu conserver leur emploi grâce à leur courage.
Hervé Segata
Photographies de
Julien Pebrel, begin_of_the_skype_highlighting_end_of_the_skype_highlighting
Cédric Friggeri, Du Grain à Moudre
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